DJAZIA SATOUR & HIND ENNAIRA
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Un Duo Féminin puissant Djazia Satour : émotion, engagement et musique intime Hind Ennaira : la force féminine du Gnawa

Le Festival international de Hammamet a fait découvrir à son public hammametois. Deux voix. Deux femmes qui font de la musique un terrain de résistance et d’affirmation, d’ailleurs le public n’a pas arrêté de vibrer au rythme de deux artistes fortes : Hind Ennaira, figure marocaine du Gnawa, et Djazia Satour, voix algérienne engagée. Sous les étoiles, l’amphithéâtre s’est transformé en espace de fête, d’émotion et de partage culturel.

HIND ENNAIRA 2

C’est la Marocaine Hind Ennaira, qui est l’une des rares femmes  à jouer du guembri instrument emblématique du Gnawa, chez nous on l’appelle le stambali et à le faire avec puissance et singularité, Dans un univers longtemps dominé par les voix masculines, elle affirme avec grâce et puissance la légitimité d’une parole féminine dans la tradition gnawa, qui ouvre le bal, portée par l’énergie brute d’une transe. Accompagnée de ses musiciens danseurs, elle a offert une entrée en scène explosive : rythmes endiablés, youyous, dédicaces en dialecte marocain et costumes aux motifs berbères du sud marocain sahraoui. Son répertoire, issu du Sahara, a captivé le public avec des titres comme Fongoro, Folani Hirisa, Baba Mimoun ou Sandia. D’ailleurs, elle ne chante pas, elle invoque, elle traverse les frontières, entre spiritualité et fête, mémoire à chaque morceau joué.

DJAZIA SATOUR (2)

Quant à la deuxième partie de la soirée, le relais était sans rupture marquée par la délicatesse de Djazia Satour qui est montée sur scène, enveloppée d’un keffieh rose et noir symbole d’engagement en signe de ralliement, elle était  accompagnée de son guitariste Pierre‑Luc Jamain, et de sa troupe, elle a présenté un répertoire mêlant chaâbi, folk traditionnel algérien, électro et textes poétiques. Elle a porté un souffle grave. Ses chansons, profondément enracinées dans le chaâbi algérien et les musiques populaires du Maghreb, portent haut l’exigence de justice et de mémoire. Djazia Satour a dénoncé le silence complice international face au génocide culturel. Elle chante pour ceux qui n’ont plus de voix. Et dans cette voix-là, vibrent des siècles de luttes, de migrations, d’exils tel que le titre engagé de sa chanson Idh, dédié au peuple palestinien. Le concert s’est prolongé avec Naghmat Riah, Loun Liyam, M’Siria, le public, captif, suit ses mélodies comme on suit un récit. Elle parle d’humanité, de douleurs transversales, de dignité. A la fin du concert elle a chanté en anglais une chanson anti-esclavagiste,  un final vibrant d’émotion et de conviction c’était pour rappeler les luttes passées et présentes.

Djazia Satour et Hind Ennaira ont offert une soirée singulière au public conquis qui les acclamées toute la soirée, la première avec sa voix puissante et ses messages universels tandis que la seconde avec sa vitalité et sa réinvention du Gnawa. Les deux artistes étaient émerveillées par le cadre magique du théâtre et surtout la qualité d’écoute et l’accueil  chaleureux du public hammametois. Ce concert était une célébration de la voix féminine nord-africaine : entre tradition et modernité, émotion et couleur, engagement et joie de vivre. Hind Ennaira et Djazia Satour ont offert ce soir-là deux performances complémentaires, célébrant le pouvoir de la musique à transcender les frontières et à rapprocher les publics.

Sayida Bourguiba