Produits de tabac alternatifs et réduction des risques : progressions timides malgré tout
Dans le monde de la lutte contre le tabagisme, une guerre des positions fait rage depuis quelques années. Des appareils législatifs de plusieurs pays, menant une guerre farouche contre les produits non-combustibles alternatifs à la cigarette, se sont mis à dos d’éminents universitaires. Ces derniers s’appuient sur une série d’études scientifiques qui désavouent la mise en place de lois allant à contre-courant des innovations que représentent les produits cités.
Lors d’un forum organisé fin février 2023 à Madrid autour de la réduction des risques, le professeur Konstantinos Farsalinos, Cardiologue et chercheur spécialisé dans la réduction des risques liés au tabagisme, a tiré la sonnette d’alarme. « Il n’est pas nécessaire d’être un scientifique pour déceler la différence entre la cigarette, qui brûle des éléments organiques, et les nouveaux produits utilisant l’électricité chauffante. Ce sont des produits très différents. La communauté scientifique l’a accepté, car il existe des données cliniques pour le prouver », a-t-il expliqué. Et de suggérer : « nous devrions offrir aux fumeurs la possibilité de passer à de nouveaux produits et les laisser décider ».
Dans ce débat mondial, un des plus grands parallèles dressés par la communauté scientifique regroupe les produits alternatifs, d’un côté, et les casques ou les préservatifs réduisant les risques sans les éliminer, d’un autre côté. « Nous les utilisons pour que l’état de santé de s’aggrave pas, et c’est ce que fait le médicament. De plus, les maladies causées par le tabagisme ne sont pas liées à la nicotine », poursuit Professeur Konstantinos Farsalinos.
Les universitaires font ainsi face à une aberration : la guerre contre la nicotine est plutôt une question de politique et d’éthique qu’une question de données et de contexte scientifique. Il en résulte une mauvaise interprétation de la nature et du rôle de la nicotine dans la multiplication des maladies mortelles. Dans une époque où le nombre de fumeurs a dépassé un milliard dans le monde entier, les réglementations non seulement ignorent ce problème, mais diabolisent l’e-cigarette balayant d’un revers de main l’essence même de la santé publique, qui est tout sauf une question morale.
En somme, les produits alternatifs sont jugés à travers une approche dogmatique malgré leurs effets positifs, ce qui a donné lieu à une réglementation non-proportionnelle aux risques.
En Tunisie, où il y a plus de 2 millions de fumeurs dont la majorité peine à arrêter la cigarette les choses semblent évoluer progressivement grâce à un consensus grandissant auprès de la communauté scientifique autour de la réduction des risques liés au tabagisme et une objectivité accrue du législateur.
Cependant, des efforts supplémentaires doivent être consentis afin d’établir un cadre législatif clair, particulièrement pour les cigarettes électroniques, qui ne sont toujours pas réglementées en Tunisie et qui demeurent commercialisées sur le marché parallèle. Une telle démarche est fondamentale afin de réduire l’expansion du fléau du tabagisme en se basant sur des positions souveraines en matière de politique de santé.